Conversions à l’islam : les familles à l’épreuve

Publié le 13 Mars 2015

Environ 4 000 Français se convertiraient à l’islam chaque année. Parmi eux, des jeunes issus de familles catholiques pratiquantes. Comment les parents font-ils face à cette réalité ? Comment l’Eglise – qui commence à mettre en place des groupes de parole – peut-elle les aider ?

Ils s’appellent Marie, Paul ou Agathe. Un jour, ils rentrent chez eux, révèlent à leurs parents leur conversion et… leurs nouveaux prénoms : Labiba, Mokhtar ou Fatima. L’annonce a de quoi ébranler plus d’une famille.

Elle n’est pas facile à digérer, non plus, pour des parents catholiques qui se sont appliqués à transmettre leur foi à leurs enfants.

 

► Vidéo. Une mère belge et catholique dont le fils s'est converti à l'islam témoigne. Durée : 12 minutes.

Le père Maurice Bez, chargé des relations avec l’islam pour le diocèse de Besançon (Doubs), a été plus d’une fois confronté à leur désarroi.

« Ils se demandent toujours s’ils ont raté quelque chose, explique le prêtre. Certains jeunes ont eu un parcours catholique sans faille et tout à coup basculent dans des attitudes qui les isolent. Le port du voile, le refus de partager les repas parce que la nourriture n’est pas halal… Tout peut devenir difficile à vivre pour l’entourage. »

Car pour être reconnus dans leur nouvelle communauté, les convertis optent souvent pour des postures radicales. « Ils veulent marquer la rupture avec leur religion d’origine, à travers des signes visibles et identitaires, poursuit le père Maurice Bez. Quant aux filles qui ont épousé un musulman, elles désirent prouver à leur mari qu’elles sont de bonnes musulmanes. »

Aucune statistique sur les appartenances religieuses n’étant pratiquée en France, il n’existe pas de chiffres précis sur le nombre de conversions à l’islam.

En revanche, les raisons qui les motivent ont été répertoriées. « On distingue quatre types de conversions, explique le sociologue Loïc Le Pape, spécialiste du sujet à l’université Aix-Marseille : la conversion pour mariage, preuve d’amour vis-à-vis de l’autre ; la conversion mystique, suscitée par l’attrait du soufisme ; la conversion radicale, proposée par le salafisme, et enfin la conversion par affinité, qui est la plus répandue. L’attrait de l’islam s’exerce, dans ce cas, par les amis, le quartier dans lequel on vit, les voyages. »

 

Prendre sur soi pour ne pas rompre définitivement

Qu’on se convertisse pour des raisons pratiques, politiques ou de cœur, « cette décision reste toutefois une transgression fondamentale, analyse Loïc Le Pape. Elle crée une rupture avec l’héritage familial et constitue un reniement de la croyance – ou de la non-croyance – des parents. »

Les situations sont cependant diverses. Après le choc de l’annonce, certains parents s’investissent dans le dialogue islamo-chrétien (Service national pour les relations avec l’islam : 01 42 22 03 23. www.relations-catholiques-musulmans.cef.fr), alors que d’autres ne parviennent pas à surmonter leur souffrance. Notamment quand leurs enfants s’engagent dans une démarche fondamentaliste. « Cela provoque des brouilles familiales plus ou moins longues, remarque Loïc Le Pape. Mais l’expérience prouve que les personnes finissent par se réconcilier. Même si les malentendus persistent, les parents prennent sur eux. »

Ne pas rompre définitivement est sans aucun doute le plus important. « Passé le sentiment de culpabilité et les difficultés qu’il ne faut pas nier, conclut le père Bez, il faut se demander comment rester chrétien face à la situation, au nom de sa propre foi et pour son enfant. »

Le 14 mars 2015, le prêtre organise ainsi pour la deuxième fois, à Thise (Doubs), un groupe de parole (renseignements : 03 81 61 01 41 - 06 76 14 06 58) pour les familles concernées.

 

http://www.pelerin.com/L-actualite-autrement/Conversions-a-l-islam-les-familles-a-l-epreuve

 

 

Publié dans #Actualité

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :